Dàibhidh & Vivian

«  Jekyll and Hyde»

Le temps d’une inspiration, le temps s’arrêta. Sans mouvements, sans mots, seule la nature continua de vivre. L’espace d’un instant, d’un souffle, leurs corps éternels se fixèrent dans l’infini de la noirceur de l’inconscience. Douce agonie tût, muette pour la première fois depuis des centaines d’années ; une absence méritée.

De retour sous la lourdeur de leurs non-existences qui défiaient la gravité, Vivian soupira d’ennui. Énervée, elle roula du regard face à la panique globale qui grandissait autour d’elle. Cris, pleures, une mélodie digne d’une catastrophe classique.

- Tiens, il doit y avoir un solde éclair au Walmart. plaisanta-t-elle en se retournant vers son mentor.

Sans grande surprise, cela prit quelque seconde pour assimiler qu’à ses côté, ce n’était pas son amant fantôme, mais son résidu ectoplasmique physique. Le changement de tonalité de sa voix ne l’avait même pas interpellée. Elle ne trouva rien d’autre à faire que de froncer les sourcils et de tendre une main pour pincer le bras de cette apparence identique à la sienne. Aucune réaction sur son propre corps, elle grommela en soulevant ses propres mains. Devant ses yeux, des mains masculines, aux ongles courts et aux doigts boudinés. Sans paniquer, plus par curiosité, ces mêmes mains qui n’était définitivement pas les siennes se plaquèrent contre son torse pour agripper l’absence de poitrine puis montèrent vers son visage, effleurant une peau à peine rêche d’une barbe éternellement bien rasée.

Lentement, un large sourire s’esquissa sur le visage de Dàibhidh. Les yeux pétillants, il demanda de sa voix grave et chantante :

- Bon, on dirait que c’est autre chose que les soldes.

Une expiration sonore, il fait un clin d’œil à l’autre ectoplasme qui se trimbalait dans l’enveloppe d’apparence de Viviane, puis se mord la lèvre pour franchement et avec une certaine maladresse, passer une main dans son pantalon et glisser jusqu’à son attirail masculin.

- Oh là, ça fait un bail que je ne me suis pas retrouvé dans un corps d’homme. Vivifiant !

Il sort de son pantalon, victorieux, et passe sa main dans ses cheveux courts avec une énergie qui ne lui allait pas du tout.

- Tu me rappelles pourquoi on reste dans les parages ? Tu parles d’une connerie. Tu n’aurais pas des envies de déménager tes errances dans l’état voisin ?

Ce corps masculin avait des réflexes purement féminins. Ces bras croisés et ce contra posto, donnait un angle à ses hanches un peu hisurte et dénaturé.

Dàibhidh & Vivian

«  Jekyll and Hyde»

Un premier pas mal calibré qui faillit étendre le corps de Dài au sol par reflexe et gravité imaginaire, le deuxième ce fit avec plus d’aisance puis le troisième aussi, ce qui le plaça juste devant la belle blonde. Un sourire fichtrement amusé toujours estampillé sur ce visage qui ne s’égayait pas aussi facilement, il attrapa la jeune femme d’apparence ses vêtements et plongea cette fois ci dans la poche du jeans noir qu’elle portait. Une deuxième victoire, il en sortit un élastique à cheveux bien moche.

Sa main fit un geste du bout du doigt qui lui demanda de tourner sur elle même puis il agrippa la chevelure longue chevelure blonde pour en faire une queue de chevale bien serrée sur son crâne.

- J’aurais jamais cru de conseiller en matière de cheveux et de possession. Tu sais que, de nos jours, il y a des femmes qui ont les cheveux court. Tu imagines, les cheveux court ! De vraie traînée.

Habilement, il remonta les cheveux, s’assura que tout tiendra en place, retourna son amant dans son corps sur lui même puis l’observa comme on observe son œuvre :

- Voilà, tu devrais survivre le temps que tu récupère ton apparence.

Et puis, il perdit son sourire satisfait le temps de se rappeler, encore une fois, que son mentor restait volontairement coincé ici parce qu’il devait convaincre sa descendance de continuer à prospérer. Ça serait plus facile si le dernier de son lignage n’était pas un fan de manche à balais, toute références confondues. Il fallait vraiment qu’elle s’en mêle un jour ou l’autre. C’était probablement de demander l’impossible mais c’était encore faisables. Il n’y avait pas trente six moyen d’engendrer la vie, mais il en avait des milliers pour l’aider à se faire.

Pour l’instant, elle avait des chat plus urgents à fouetter, se contentant de grogner comme l’aurait fait son amant. Puis il se retourna pour observer la panique générale, le son des cris à peine diminué. Mains sur ses hanches, il s’arrêta bêtement dans son mouvement, ses mains trouvant inconfortable la prise sur l’absence de courbe féminine puis observa la rue par la fenêtre.

- Si il a autant de chance que nous, il se réveillera pas loin de son corps. Il a un téléphone portable ? Il pointa du doigt une cabine téléphone qui tenait à peine debout, de l’autre côté de la rue. Et par miracle son corps ne s’est pas enfuit, on passe un coup de fil et probablement que le bon propriétaire répondra…

Le corps de Dài passa une main sur ses lèvres, pensif puis ajouta :

- C’est un risque à prendre. Sinon, j’aimerais bien aussi appeler une autre personne. Elle aura peut-être des réponses… et en prime, j’espère qu’il se retrouve dans le corps d’une petite vieille en chaise roulante.

Décidée, elle se retourna pour s’observer et demanda :

- Il y a assez d’énergie dans cet ancêtre de poltergeist pour passer deux coups de fils ?

Dàibhidh & Vivian

«Jekyll and Hyde»

C’est vrai qu’ils avaient quand même de la chance de se voir interchangé d’apparence entre eux deux. Les dommages n’étaient pas très importants mais surtout, se connaissant bien, ça les assuraient qu’au moins, pendant ce temps, aucun des deux s’arrangerait pour aller se faire exorciser par dieu-sait-qui.  

Vivian dans le corps de Dàibhidh claqua de la langue sous la remarque qu’elle parlait trop et n’agissait pas assez. On aurait pu croire qu’elle aimait réfléchir avant d’agir mais c’était plutôt qu’elle appréciait la tendance apocalyptique du moment. Quand vous êtes un esprit qui ère, vous passer maitre dans l’art de l’observation et de la délectation du moment présent puisque… c’est tout ce qui vous reste à faire.

Dài secoua lentement sa tête avec amusement quand son acolyte décédé le quitta pour se téléporté rapidement dans la cabine téléphonique. Il la suivit prestement de la même manière, d’abord étonné par la facilité qu’il avait eu à le faire, se rendant soudainement compte des capacités de son mentor puis surprit par le corps mince qui s’appuya sur lui, comme légèrement incommodé. Biensure que Vivian avait une enveloppe incharnelle plus faible que l’autre avec ces années d’errance en trop mais c’était le chose qu’elle avait oubliée, ou du moins, qu’elle avait toujours connu.

Protecteur, il entoura son bras Vivian et déposa une poigne ferme sur une de ses hanches. Le combiné décroché et le premier appel passé, le vieil esprit se fait raccrocher la ligne au nez à cause de ça voix féminine.

- Recompose.   dit Dài prestement en s’emparant du combiné C’est quoi son petit nom ?   Irwyn. Étrangement, ce nom lui disait quelque chose mais il ne s’attarda pas à y penser puisque le contacté répondit.

Ils se donnèrent rendez-vous où Vivian et Dài était. Plus simple que de se télé transporter un peu partout en ville dans se brouhaha. Son corps masculin échangea sa place avec le sien ( bordel, ça devient compliqué.) puis à son tour, composa le numéro d’un autre personne ressource.

Le téléphone sonna quelques fois, puis la voix de Bastian sur le répondeur se fit entendre : "Bonjour, vous êtes sur le répondeur de Bast! Si je réponds pas c'est parce que j'ai la peste noire! rire Je déconne, plus personne ne chope la peste de nos jours. Aller, à plus trou d'balle." Un sourire en coin. Elle appuya un doigt qui n’était pas le sien contre le bouton pour raccrocher la ligne et recommença sans arrêt jusqu’à ce qu’une voix se fasse entendre à l’autre bout du fil.

- Hey, c’est Vivian… Vivian avec la voix la plus viril du monde, je sais. Tu te trimbale ton p’tit cul démoniaque dans un autre corps ?    Probablement puisqu’une voix féminine lui répondit. Elle coupa court au discours et ajouta prestement : Viens nous rejoindre. On verra ce que l’on peut faire. Tu as intérêt à imiter le cri de Chewbacca, pour nous indiquer qui tu es dans la masse.  

Les directions transmises, il raccrocha le combiné puis observa la blonde qui l’observait :

- C’est un démon. Je sais, tu m’a dit de me méfier mais au point on l’on en ait, un créature surnaturelle de plus ou de moins, ça ne fera pas de tord. En espérant que ton médium ne fasse pas une crise d’apoplexie

Puis il sortit de la cabine, attendant que quelqu’un, dont l’apparence ne sera pas la même, viennent les rejoindre.